Sous le pseudo de Léo se cache un ex-professeur de français, pré-pensionné depuis peu.

Lire a été pour lui une agréable obligation professionnelle mais aussi un loisir délectable, une passion !

A présent qu'il a du temps devant lui, il souhaite partager ses plaisirs de lecteur, ses coups de cœur, ses avis personnels, ses comptes-rendus de lecture... sans prétention aucune!

Simplement partager... et quel meilleur lieu que la bibliothèque communale , une librairie et un blog pour y déposer les quelques« fiches » qu'il a rédigées ?





jeudi 17 décembre 2009

CLAUDEL, Philippe, Le rapport de Brodeck, Roman Stock, 2007, Prix Goncourt des Lycéens, 2007


Brodeck, jeune homme, est forcé par tous les hommes de son village perdu dans la campagne, fermé sur lui-même à rédiger un "rapport" concernant la disparition de l'étranger l'"Anderer".
Ce roman que j'ai beaucoup aimé m'a rappelé l'ambiance et l'écriture des romans de Giono et celui d'Adamek dans "La fête interdite". Aucune indication de lieu ni de moment, on (je) suppose que c'est en Hongrie, à la suite d'une guerre (laquelle ?) et le texte est truffé de mots et d'expressions à consonances allemandes (traduites la plupart du temps). Dureté de la vie mais aussi poésie se mélangent. Vraiment un plaisir de lecture. On se retrouve en même temps dans le réel et l'inconnu et on se prend d'affection pour le héros Brodeck.


KHADRRA, Yasmina, Les sirènes de Bagdad, 2006, Julliard

Je viens de terminer "Les sirènes de Bagdad", troisième volet de la trilogie de Yasmina KHADRA. Après "Les hirondelles de Kaboul" (Afghanistan) et "L'attentat" (Israël), Y. Khadra nous emporte à Beyrouth, puis en Irak, après l'arrestation de Saddam Hussein.
Dans ses romans, l'auteur observe, décrit le dialogue de sourds opposant l'Orient et l'Occident.
Loin de vouloir nous convaincre que les uns ont raison et les autres forcément tort, Yasmina nous fait découvrir, à travers ses héros qui se cherchent, le choc des cultures. Il ne prend pas position, il laisse au lecteur la liberté de se faire sa propre idée, d'essayer de comprendre les comportements des uns et des autres, d'oublier de voir l'autre à travers le prisme de sa propre culture.
Dans les "Hirondelles de Kaboul", c'est surtout le style qui m'a enthousiasmé : un vocabulaire très riche (Yasmina écrit en français) qui m'a fait de nombreuses fois compulser le dico, les comparaisons, les métaphores… Dans "L'attentat", c'est l'histoire d'un médecin palestinien, naturalisé israélien, qui apprend que l'auteur de l'attentat qui a tué un certain nombre de personnes dont beaucoup d'enfants est l'œuvre de son épouse et il ne comprend pas.

Mais, c'est dans "Les sirènes de Bagdad" que Yasmina se lâche complètement. Il décrit comment un jeune adulte, calme, équilibré, sensé, vivant dans un petit village retiré peut devenir un révolté prêt à offrir sa vie pour venger l'offense subie par les Occidentaux et les Américains.
L'écriture est sublime et le récit passionnant. Le narrateur "je" entraîne le lecteur à entrer dans la peau et dans la tête d'un arabe, de vivre et de comprendre sa culture.
Ne pas comparer, ne pas juger, ne pas critiquer, ne pas vouloir essayer de tout comprendre, mais seulement accepter l'autre tel qu'il est avec ses différences.


Du même auteur :
"Les hirondelles de Kaboul"
"L'attentat"


FALCONES, Ildefonso, La cathédrale de la mer, 2008, R.Laffont

Peut-être êtes-vous de ceux qui ont lu et aimé "Les piliers de la terre" de Ken FOLLETT !
Alors, vous aurez le même plaisir à lire "La cathédrale de la mer"
Le roman se passe en Catalogne et plus précisément dans la vieille ville de Barcelone au XIVème S. J'ai lu cette brique de 614 pages en même pas trois jours. J'ai retrouvé dans ce roman historique le même plaisir et la même fascination que pour "Les piliers de la terre".
Même principe d'écriture : on va de dégradation de situations en amélioration, cela rebondit tout le temps. On accompagne le (les) héros et on s'y identifie de chapitre en chapitre. On veut connaître la suite tout en retardant le moment de fermer le livre. De plus, cela se passe à Barcelone. Plaisir !



VARGAS, Fred, Un lieu incertain, Viviane Hamy, 2008


Vargas, c'est 5 millions d'exemplaires vendus.
Vous avez dit « Polar ? », Fred est une de ces "chéries" incontournables de la série noire.
Celle qui a écrit : « Ceux qui vont mourir te saluent. », « Debout les morts », « Sans feu ni lieu », « Pars vite et reviens tard », « Dans les bois éternels »... revient dans « Un lieu incertain » avec le commissaire Adamsberg et ses acolytes. Enquête évidemment, mais le crime est insolite. Adamsberg revient d'un colloque à Londres où il a pu découvrir 17 chaussures avec leur pied devant un cimetière. Rentré à Paris, c'est le corps d'un homme explosé en mille morceaux qui est au départ d'une enquête. Adamsberg va se retrouver bientôt au pied des Carpathes, non loin de la frontière bulgare, là où il est question de vampires...



LENOIR, Frédéric, L'oracle della Luna : le tragique et lumineux destin de Giovanni Tratore, Albin Michel, 2006



Quel plaisir de se plonger dans ce roman (présenté comme un thriller ????) historico-religieux.
Si ce roman a tout de la fiction « aventures, amours, sentiments, sens de la vie... », il oblige à se poser ou à se reposer de nombreuses questions philosophico-religieuses. C'est ainsi que Platon, Aristote, Thomas d'Aquin, Judaïsme, Islam, Christianisme, Orthodoxie, Luther, Calvin, déviances de la papauté... sont ainsi mêlés au cœur du XVIè siècle. Il est question de Ficin, de Pic de la Mirandole, des moines du mont Athos, de soufis, de la Kabbale, du Talmud, de cénobites, d'anachorètes, d'higoumènes, de moines gyrovagues, de skites, de thaumaturges, des chevaliers de Malte...
Le héros, Giovanni, a pour mission de faire parvenir au pape un manuscrit qui doit révéler des informations astrologiques sur ..., mais..., rencontres, initiations, amours, pirates, forces occultes et malveillantes pourront-ils lui permettre d'accomplir sa mission ? A travers les aventures de Giovanni en Italie (Calabre, les Abruzzes et Venise), en Crète, en Grèce, en Algérie, à Chypre... sur terre et sur mer, on fait un voyage initiatique à travers la philosophie, les religions, la vie.... Quelle tolérance chez les différents personnages. Après ces plus de 700 pages de lecture, j'ai envie de relire « Le banquet » de Platon et de réfléchir sur le « Libre Arbitre » et le sens de la vie. Plaisir que je voulais partager. Ce roman a reçu le "Prix des lecteurs 2008" dans Le Livre de Poche (n° 37281)



GERMAIN, Sylvie, L'inaperçu, Albin Michel, 2008

C'est l'histoire d'une famille dominée par un patriarche autoritaire. Pierre, sorte d'ange gardien, vient se greffer sur la tribu. Quand il disparaît, tous se rendent compte de l'importance qu'il avait.

L'histoire en elle-même ne m'a pas emballé, trop féminine, trop psy mais le style et l'écriture m'ont donné beaucoup de plaisir.
Sans doute, ce roman touchera plus le cœur des lectrices ?



GRANGÉ,Christophe, Miserere, Albin Michel, 2008

Après avoir lu : «Le vol des cigognes», «Les rivières pourpres», «Le concile de Pierre», «L'empire des loups», «La ligne noire», «Le serment des limbes»; «Miserere», le dernier Grangé m'a laissé quelque peu sur ma faim.

«Ce sont des enfants.
Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits.
Aucune ombre. Aucune inclusion. Aucune faille.
Mais leur pureté est celle du mal.»

Chorale, sopranos, castrats… ce sont les mots clés avec une énigme …, évidemment.
Il m'a fallu du temps pour entrer dans le roman mais c'est du Grangé tout craché. Se lasse-t-on néanmoins ?


VARGAS, Fred, Sous les vents de Neptune, Viviane Hamy, 2004

Je suis un inconditionnel de «Vargas». Je rentre dans ses livres comme on entre en religion. On retrouve évidemment le commissaire Adamsberg et ses «équipiers».
Neptune ? Car il est question du trident mortel d'un tueur mort depuis 20 ans. Tous les ingrédients sont là pour passer un réel plaisir de lecture. Quand on n'a plus de bouquin à se mettre sous la dent, on prend un Vargas et on n'est jamais déçu... c'est comme Mankel... !
J'oubliais de dire «les vents», c'est le Canada... et l'on a presque envie de lire tout haut toutes les expressions typiques de ce français canadien imagé... Pur bonheur !


FOLLETT, Ken, Un monde sans fin, Robert Laffont,2008


Qui n'a pas lu la brique «Les piliers de la terre». du même auteur et tous ses autres romans devenus des bests-sellers ?
Ken Follet n'a pas su résister aux souhaits de ses lecteurs qui réclamaient une suite aux «Piliers de la terre». Mais ce n'est pas une véritable suite... on se retroue bien à Kingsbridge, en Angleterre, mais deux cents plus tard. Nous sommes au XIVème siècle.
Peu importe, on se retrouve plongé dans la même ambiance : beaucoup de personnages principaux qui vivent des aventures extraordinaires, des personnages secondaires qui font que tout bascule dans le malheur ou le bonheur... J'en suis à la moitié (sur 1280 pages !) et j'ai peur de continuer tant je m'identifie à certains personnages qu'on ne peut pas ne pas estimer ou haïr ! On anticipe ainsi les magouilles, les ambitions, les valeurs humaines des uns, les bassesses des autres... Mais quel cours sur la vie au moyen-âge ... ! Merci professeur Follet !
Désolé, mais je retourne à ma lecture que j'ai quittée à un moment capital... mais il fallait que je m'arrête tant le suspens était...! Eh, oui, Caris va-t-elle être... ? Et Merthin ...?


KENNEDY, Douglas, Les charmes discrets de la vie conjugale, Roman Belfond, 2005


De Douglas Kennedy, j'ai beaucoup aimé "Cul-de-sac" (Piège nuptial), "L'homme qui voulait vivre sa vie", "La femme du Ve", par contre j'ai laissé tomber en cours de lecture "Une liaison dangereuse".
Avec "Les charmes discrets...", j'ai retrouvé mon plaisir de lecteur.
La narratrice est une femme - petit inconvénient pour un homme de s'identifier - mais on s'y fait très vite.
Imaginez une jeune femme, fille d'un prof d'univ contestataire, marié à un médecin, petite vie bourgeoise dans une petite ville américaine où les débuts sont difficiles, côté logement... et puis tout s'emballe quand elle rencontre un homme quelque peu terroriste envoyé par son père. Une erreur de jeunesse qui resurgit quand sa fille, 30 ans plus tard, disparaît...! Les médias s'emparent de l'affaire et ... ! On tombe alors dans l'Amérique puritaine...
Je ne veux rien dévoiler d'autre mais on s'accroche au livre et on a des difficultés à le quitter à 1h00 du matin parce qu'il faut quand même dormir... un peu ! J'ai vraiment beaucoup aimé !



LEHANE, Dennis, Prières pour la pluie, Payot et Rivages, 2004


Dans ce thriller complexe, psychologique, intense... on retrouve le privé Patrick Kenzie de Boston qui parvient encore une fois à se mettre dans une situation impossible. Il est le type même du «privé», tantôt insensible, violent, macho... et tantôt sensible, sentimental, justicier.
Kenzie va aller au secours d'une jeune femme victime de harcèlement qui, six mois plus tard, se jettera du haut du 26ème étage d'une tour, complètement nue.
C'est un bonheur de retrouver Bubba Rogowski, une montagne de muscles et presque analphabète et l'ex coéquipière de Kenzie, la charmante Angela (Angie) Gennaro. On est jamais déçu par les romans de Lehanne. Que du suspens bien construit !
Lire aussi du même auteur : «Un dernier verre avant la guerre», «Sacré», «Mystic river», «Gone baby gone» et le super «Shutter Island».



GRUBER, Michael, Les rivages de la nuit, Presses de la Cité, 2004


Si le meurtre d'un richissime homme d'affaire arabe, tombé du 10ème étage d'un hôtel, semble être rapidement résolu – une femme se tient prostrée dans la chambre de la victime, l'arme du crime recouverte de ses empreintes-, la personnalité de la meurtrière présumée s'avère en revanche plus complexe... L'inspecteur Jimmy Paz aidé de Lorna Wyse, psychologue, doutent tous deux de la culpabilité apparente d'Emmylou. Ils devront alors affronter des forces maléfiques et mystiques.

Intrigue impeccable et haletante. Suspens. Le récit est entrecoupé par les confessions écrites d'Emmylou et par des notes sur l'ordre des Soeurs Infirmières du Précieux-Sang du Christ.

Titulaire d'un doctorat en biologie marine, Michael Gruber se passionne aussi pour l'écriture. Après avoir écrit la plupart des discours de Jimmy Carter pendant la présidence de ce dernier, il a collaboré à l'écriture de romans aux côtés d'un certain nombre de grands noms de la littérature policière.

En, 2003, il publie chez Belfond son premier roman, Tropique de la nuit.
Voir «Pocket» Thriller.


THILLIEZ, Franck, L'anneau de Moebius, Ed. Le Passage, Thriller, 2008

C'est "LE" thriller !
Douze jours, douze nuits pour un aller simple vers l'enfer.
Stéphane a des rêves prémonitoires et tente d'empêcher que des événements morbides se réalisent. Le scénario construit sur l'espace-temps est extrêmement important et absolument original et génial.
Des chapitres très courts comme des halètements…
On entre dans "l'acrotomophilie" : plaisir de voir et d'avoir des relations avec des personnes amputées ou ayant des malformations congénitales.
Le récit fait référence au film "Freak" (1932) et à "Elephant Man" (John Merrick).On entre ainsi dans le monde des horreurs.
C'est morbide mais en même temps tellement prenant.
Aucun problème pour s'identifier aux différents personnages : Stéphane (Stépas et Stéfur), Vic, Céline, Sylvie...
Absolument génial pour les adeptes du genre !

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